En faisant du tri, je tombe sur un texte que j'avais écrit en 2009 pour une association, si vous ne le trouvez pas utile, ni intéressant, hop à la benne ... c'est ça aussi le tri sélectif :
Un bel après midi à Tête d'Or, ciel d'azur, piste rosée, ils sont là !
D'ordinaire ici c'est calme. Quelques fois dans l'année des encouragements et des applaudissements descendent timidement des gradins. Il n'y a jamais foule et l'on entend siffler les boyaux, quand ce ne sont pas les pistards souffler. Depuis qu'elles ne sont plus à blocs les chaînes ne cliquettent plus...
Aujourd'hui le "spiqueur" ne domine pas l'ambiance et ce n'est pas le maigre public qui l'en empêche. Il doit même s'interrompre quand "ils" déboulent dans la ligne droite d'arrivée et s'enthousiasme quand "ils" abordent un virage à trois au coude à coude et manque même de mots si ça dure ainsi plusieurs tours.
Parmi les spectateurs, les initiés apprécient la technique et se régalent de l'intensité de l'assaut ; ceux qui découvrent la discipline ne doivent peut-être pas tout comprendre d'emblée. Comment peuvent-ils rouler aussi vite sur des vélos bizarres, sans même voir juste devant eux ? Imaginent-il le rôle primordial des entraîneurs ?
Quel curieux sport où le vainqueur ne passe pas la ligne le premier, précédé par un motard debout sur une machine tonitruante, presque aussi bizarre que la sienne.
Ce samedi 9 septembre 2006, les stayers ont investi Tête d'Or, ça gronde dans l'anneau, résonne au-delà et ça va vite, très vite.
Ils étaient sept au départ de la première manche. La lutte est âpre, le spectacle grandiose, l'assistance se laisse gagner par l'ambiance sonore et visuelle. La fin de course frôle le drame. On se bouscule après l'emballage final, des épaules se touchent, peut-être des roues aussi, ça va si vite qu'on n'a pas vraiment vu, peut-être la déconcentration après l'effort, et trois coureurs se rappent sur le ciment. L'un d'eux est percuté par la moto qui suit et glisse aussi . Bien protégé par son cuir, l'entraîneur en est quitte pour une frayeur. La piste et un muret en conservent les traces.
On n'aime pas ça, mais rien de plus grave qu'une fourche de moto tordue. Ceux-là reprendront prochainement leur ronde infernale. Un siècle auparavant, beaucoup de stayers, ni certains « pacemaker » (c'est ainsi qu'on appelait les entraîneurs autrefois) n'eurent cette possibilité.
Puis, chacun des stayers rescapés s'aligne pour, après quelques tours d'accélération progressive (c'est qu'il faut le lancer ce braquet) sur un kilomètre chronométré. Sur cette piste de 333,33 mètres les virages à 43° reviennent très vite, le meilleur boucle les 3 tours en 49 secondes et 210 millièmes soit 73,155 kilomètre/heure.
C'est moins rapide qu'autrefois car les règlements ont été changés au fil du temps : le rouleau derrière la moto a été reculé, l'entraîneur a désormais les deux jambes symétriquement positionnées car la moto n'est plus entraînée par une courroie plate, et le cuir est plus près du corps (plus de « bibendum »). Tout cela diminue considérablement l'abri aérodynamique. Et puis ces courses devenues plus rares, les stayers ne sont plus des spécialistes « à temps plein ».
Après une initiation derrière motos pour quelques cadets, qui permet aux stayers de se reposer un peu, ils ne sont donc plus que quatre pour la deuxième manche. Chacun parvient plus ou moins longuement à occuper la tête de la course. Les écarts restent minimes jusqu'au bout. A la cloche, deux hommes sont au coude à coude depuis déjà un moment et, à l'entrée du dernier virage, un troisième larron s'infiltre aux balustrades et profite de l'ultime descente pour venir échouer au pédalier du deuxième, battu d'encore moins que ça par le vainqueur … On n'a quasiment pas vu que le quatrième était déjà lui aussi dans la ligne droite !
Les spectateurs ont vibrés jusqu'au bout ... et rapidement le silence a repris ses habitudes.
un peu d'illustration pour ce texte fort intéressant…
N'est-ce pas qu'il est très beau ce vélodrome ? Avec Marc Pacheco le "grand maestro"de l'entrainement :
Merci à tous les deux pour ce texte et ces illustrations! j'allais de temps en temps à celui du bois de Vincennes à Paris dans les années 90. Une ambiance très particulière sur ces vélodromes... Vivement Lutry en mai!!
Hier, Championnat de France 2014 à Tête d'Or
Voilà l'abri bien imagé :
AIE !....